jeudi 6 mars 2014

La Belle et la Bête de Christophe Gans (critique)




Je suis allée voir la Belle et la Bête hier soir avec ma mère. Les quelques images que j'avais vues étaient dans l'air du temps avec des couleurs très contrastées dans un environnement gris, onirique, parfaites pour mettre une bonne ambiance de magie dans ce conte. Le choix de Vincent Cassel pour faire le Bête me semblait excellent. Il est tellement effrayant et féroce dans le Pacte des Loups et dans les quelques images que j'ai pu voir de ses autres films, faire de lui la Bête était la chose la plus évidente qui soit.
Je n'ai cependant pas du tout accroché au film et j'avoue que je suis même déçue. Vincent Cassel n'était pas effrayant du tout, ni poignant. Il campait une Bête tel un gros chat qui s'énerve parce qu'on le dérange, mais sans plus. On ne sent pas sa fureur ou son désespoir. Il est là à attendre qu'on le délivre comme si c'était une évidence. Le seul moment où j'y ai cru c'est quand il se met en fureur lors d'un dîner et tout jeter par terre en hurlant à Belle qu'elle pourra résister autant qu'elle veut elle sera à lui. Ca c'était une posture intéressante. Il campait soudain une Bête différente de celle de Disney ou de Cocteau, une sale Bête qui se comporte comme un homme capricieux. Mais ça n'a duré que le temps d'une scène. Dommage !
Quant à Léa Seydoux, qui fait Belle, je l'ai trouvée déplorable. La Belle qu'elle campe ne ressemble à rien. Elle est petite fille tendre à son papa au début, puis à la campagne elle fait la fille énergique, puis elle joue les grandes dames vertueuses le temps d'une scène face à la fureur de la Bête, puis les enfants qui jouent en explorant le château, et enfin les amoureuses à la fin. Bref, plusieurs Belle différentes qui n'ont aucune logique entre elles. De plus, elle était trop blonde, trop diaphane dans le teint et la chevelure pour être crédible en femme forte.
J'ajouterai qu'elle tombe amoureuse de la Bête du jour au lendemain, on ignore pourquoi. Elle le rejette violemment dans la scène qui précède son retour chez elle, mais une fois chez elle, elle ne veut qu'une chose, le revoir. Pareil pour lui qui passe du mâle hautain à l'amoureux transis sans transition. Il manque tout un développement dans cette partie-là.
Et le reste ne rattrape pas forcément. Le château est clairement copié sur celui de Cocteau avec des plantes grimpantes et des fleurs partout dans le château et surtout dans la chambre de Belle, qui comporte un grand lit avec des fourrures, exactement comme celui de Cocteau. Et il me semble que la maison de la famille à la campagne est aussi un réplique de celle de Cocteau. Quant à la transformation finale de la Bête elle est l'exacte réplique de celle de Disney. Rien de nouveau sous le soleil donc pour moi qui ai vu et Cocteau et Disney.
Quelques bonnes idées cependant dans les détails. Le fait qu'on voit la vie du prince avant sa transformation est une excellente idée, et là Cassel est parfaitement crédible. Cette petite histoire dans l'histoire est très jolie. Les gardiens ainsi que les serviteurs de la Bête sont très originaux. C'est un petit rien qui fait une différence par rapport aux autres films mais pas assez pour  sauver ce film. Celui de Cocteau reste pour moins une référence, même si j'ai beaucoup aimé le Disney que je regarde toujours avec plaisir. Mais Jean Marais en Bête est effrayant, charismatique, et aussi si poignant quand il révèle ses faiblesses de Bête. C'est un seigneur en son château mais soumis à des passions humaines. Vincent Cassel ne rend pas sa Bête ni effrayante ni poignante. Il ne m'a pas donné envie de le sauver, juste de le planter là en lui disant de revenir quand il serait calmé.
Ce film sera donc agréable pour les personnes n'ayant jamais vu celui de Cocteau, même s'il y a clairement un manque entre la haine et l'amour de Belle. On passe un bon moment dans un autre monde, mais sans plus.

Pour ceux qui seraient curieux voici un extrait du film de Cocteau.



Et pour ceux qui préfèrent la lecture je vous conseille le beau livre de Robin McKinley, Belle, aux éditions Dédales.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire